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1879-1959 Général Joseph Argueyrolles

par ea (10/11/2013)

Marie Léon Paul Joseph Argueyrolles   Marie L.P.J. Argueyrolles, noté (...)
Joseph Argueyrolles   Marie Léon Paul Joseph, alors Lieutenant,
remise d une décoration par le Maréchal Foch
  • Marie Léon Paul Joseph Argueyrolles ou Marie L.P.J Argueyrolles , tel que mentionné sur son livret militaire, est né à Meyssac le 18 Décembre 1879 petit fils de Jean Denis Argueyrolles et de Petra Suarez il est le deuxième enfant de Jean Marie Henry Paul Argueyrolles âgé alors de 37 ans et de Marie Hélène Roger de Lamazière âgée de 27 ans,

    Il fit une brillante carrière militaire, excellent cavalier il fût lauréat de plusieurs concours hippiques.

Ses faits d’armes lors de la Guerre de 14-18 lui valurent plusieurs citations, et décorations dont la légion d’honneur.

Livret Militaire

Indiqué dans son livret militaire, âgé alors de 19 ans, Marie L.P.J. Argueyrolles s’engage volontaire pour 4 ans le 9 décembre 1898 à Brive au 9éme Régiment de chasse à cheval, il a le grade de deuxième classe. Sa progression militaire est très rapide.

  • Extrait de son Livret Militaire :
    • Brigadier le 19 juin 1899 au 9éme Régiment de chasse à cheval Dragons
    • Maréchal des Logis le 25 avril 1900 au 9éme Régiment de chasse à cheval
    • sous Lieutenant le 16 mars 1905 au 18éme Régiment de chasse à cheval
  • Guerre de 14-18
    • Lieutenant le 10 Mai 1907 au 18éme Régiment de chasse à cheval
      • Cité à l’ordre de la Compagnie de Cavalerie du 20 septembre « 1914.

        « Le 12 septembre 1914, commandant le peloton d’avant garde envoyé sur Tismos a repoussé quelques cavaliers à l’entrée de Merval ; a chargé avec beaucoup d’entrain et de décision, une 1/2 section d’infanterie, lui tuant 3 hommes et faisant 10 prisonniers. »

      • Cité à l’ordre du 20eme régiment de Dragons le 12 octobre 1914

        « Chargé le 7 octobre 1914, de faire la reconnaissance de Ransart, y est entré avec une extrême Crânerie en tête de ses cavaliers. Ayant aperçu à la sortie du village une douzaine de Hulans appuyés à quelque distance par de l’Infanterie et des mitrailleuses a rapporté les renseignements les plus utiles qui ont permis l’artillerie de contre battre avec succès une batterie ennemie. »

    • Capitaine le 22 février 1915 au 20éme Régiment de Dragon
      • Cité à l’ordre de l’armée n°9 du 21 mars 1915

        “Le 6 novembre 1914, a un moment critique, a amené ses cavaliers sur la ligne de feu contribuant ainsi à une contre attaque, entrainant bravement la ligne d’infanterie et rentrant les premiers dans le village attaqué”

      • Cité à l’ordre de l’armée n°1003 du 11 Juin 1915 pour chevalier de la Légion d’honneur

        “Officier ayant fait preuve en toutes circonstances de remarquables qualités de sang froid et de courage. Bien que grièvement blessé le 15 mai 1915, au début d’un bombardement qui a duré la journée entière, est resté dans la tranchée de 1ere Ligne, jusqu’à la nuit auprès de ses hommes, les encouragent par son exemple et les maintenant constamment malgré des pertes sensibles prêts à répondre à une attaque possible de l’ennemi”

    • Capitaine le 1er Avril 1915 au 14éme Régiment de d’Infanterie
      • Cité à l’ordre de la 131eme Division d’Infanterie n°152 du 19 Juillet 1916

        “Du 1e au 13 Juillet 1916, a commandé avec habileté et énergie son bataillon, dans des conditions particulièrement difficiles. A exécuté des reconnaissances périlleuses et a obtenu d’excellents résultats”

        Capitaine de Cavalerie, servant dans l’infanterie. Officier expérimenté et très vigoureux, très actif. Superbe au feu, a très bien commandé une compagnie de fantassins son Don véritable entraîneur d’hommes. Blessé 2 fois décoré et cité pour faits de guerre. Officier brillant qui est des plus digne de recevoir cette récompense (Aigle blessé de 1 Classe) ”

    • Chef d’Escadrons le 20 mai 1917 au 7eme régiment d’Infanterie
      • Cité à l’ordre général de la 1e Armée n°855 du 24 Mai 1915

        “Officier d’une bravoure et d’une énergie peu communes. Plein dallant et toujours prêt à marcher. Le 30 avril 1917, est monté à l’assaut des lignes ennemies, a procédé immédiatement à la reconnaissance de la position conquise, malgré le tir des mitrailleuses ennemies et assuré personnellement le ravitaillement en munitions des unités de 1ere Ligne pendant toute le durée de l’action”

      • Cité à l’ordre de la 1ere Armée du 14 mai 1918 n°26

        “Le 24 avril 1918 chargé de la défense d’un point important, a repoussé de 3h à 18H les assauts répétés menés par l’ennemie avec acharnement et des moyens pertinents, a infligé aux assaillants de lourdes pertes et a résisté d’une façon héroïque jusqu’à la dernière limite de ses forces”

      • Promus au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur par Décret du 30 Juin 1918.

        “Placé sur un front délicat, attaqué par de forces supérieures, a tenu jusqu’au bout, malgré de nombreuses attaques et un bombardement des plus violents, a été l’âme de la défense. Cerné par l’adversaire au moment ou il faisait placer une mitrailleuse, sa dernière ressource, a foncé sur les ennemis qui l’entouraient, a réussi a s’échapper en regagnant nos lignes et a continué à organiser des contre attaques avec les hommes qui lui restaient.”

Citations du 7ème régiment d’infanterie (au dos du monument aux morts de Cahors) :

Ordre de la 1ère Armée du 7 janvier 1919

"Le 24 avril 1918 chargé de la défense d’un point important, a réussi, sous l’habile direction du lieutenant-colonel Bouret et grâce à l’héroïque défense du commandant Argueyrolles, a repoussé pendant quinze heures des assauts répétés menés par l’ennemi avec acharnement et des moyens puissants, a infligé aux assaillants de lourdes pertes et a résisté, dans le plus bel esprit de sacrifice, jusqu’à la limite de ses forces".

Le Maréchal de France, commandant en chef des armées de l’Est,
Pétain

“Deux blessures, chevalier de la légion d’Honneur pour faits de Guerre et cinq citations . ”

La Bataille d’Hangard-en-Santerre

Alors Commandant, Joseph Argueyrolles prit part aux combats à Hangard, dont le récit fût rapporter par le Capitaine Delvert dans la revue "Lecture pour Tous" 1 avril 1918 consultable à la BNF.

  • « Pour s’emparer de Hangard, il fallut aux Boches monter, le 24 avril, une opération qui s’étendit du bois Sénécat au sud, à Villers- Bretonneux au nord -opération où furent engagées huit divisions.

    Hangard occupait, sensiblement, le centre de l’attaque.

    Le bataillon qui le défendait — le 3e du ne *** — formait à l’est du village un arc de cercle, de la Luce (rivière ndlr) jusqu’à un chemin de terre partant au nord de l’église et se dirigeant vers la lisière sud du bois de Hangard. La 9e et la 11e compagnie (lieutenant Montvoisin et lieutenant Porteret) tenaient du chemin de terre au cimetière ; la 10e compagnie (capitaine de Bardies ), du cimetière à la rivière.
    A gauche, la 5e compagnie était en liaison avec nos alliés britanniques ; à droite, la 10e compagnie se reliait au Ier bataillon du régiment qui couvrait Hourges.
    Le 2e bataillon était en réserve entre Domart et Hangard ; la 7e compagnie au sud de Domart, le long de la Luce ; la ft à l’est, à droite de la route de Hangard ; la 6e, enfin, commandée par le capitaine Colonna, en réserve directe du 3e bataillon, le long de la route de Cachy. Une de ses demi-sections se trouvait au poste de commandement du commandant, de ce 3e bataillon, le commandant Argueyrolles.

La nuit du 23 au 24 avait été fort calme.

  • Mais au matin, à 4 heures, se déclenchait une violente canonnade, canonnade française d’une part, et d’autre part canonnade allemande qui frappait nos premières lignes, écrasait de 105, de 150 et de 210 l’extrémité ouest de Hangard, Domart, Hourges, Thennes et Bertaucourt, et enfin noyait de gaz toxiques nos batteries. Vers 4 h45, à cette canonnade s’ajoutait, sur nos premières lignes, un violent bombardement parminen.
  • A notre compagnie de gauche, des mitrailleurs et leurs pièces étaient broyés, la tranchée complètement bouleversée, nivelée, les occupants déchiquetés, enfouis sous des blocs de terre. Peu après, les vagues d’assaut sortaient.
    Mais les mitrailleurs, les fusiliers et les voltigeurs survivants les accueillaient d’un feu nourri. Tel mitrailleur épuisait sur l’assaillant jusqu’à sa dernière bande. A gauche donc, le Boche se trouvait bloqué.
    Mais au sud du petit bois que nous avons déjà signalé sur les pentes nord de Hangard, l’ennemi parvenait à forcer et s’infiltrer. De plus, les défenseurs de la corne nord-est de ce bois, qui tenaient avec une opiniâtreté intrépide, virent tout à coup se déverser sur eux des jets de liquide enflammé.
    Or, à leur droite, leurs camarades étaient, à ce moment même, déconcertés par une ruse infâme, vieille cependant. Ils voyaient les Boches qu’ils décimaient depuis le début de l’attaque lever subitement les bras et crier : « Kamarade ! »
    « Cessez le feu, les gars ! commandait le sergent Tousse ; les Boches se rendent. » Un des « Kamarades », cependant, lui tirait une balle à bout portant tandis qu’un autre l’assommait d’un coup de crosse. Nos malheureux soldats étaient fusillés, égorgés ; la tranchée était inondée de liquides enflammé et sur tout corps secoué de soubresaut s’abattaient les coups de crosse.
    Les rares poilus qui avaient pu s’échapper se repliaient sur la section de soutien, qui, bientôt renforcée par la 6e compagnie, tenait jusqu’à la nuit à quelques centaines de mètres en arrière. Mais, notre centre forcé, les Boches avaient pu, d’une part encercler le cimetière, d’autre part s’infiltrer dans le village.
    Ils étaient parvenus jusqu’à l’église et avaient aussitôt installé une mitrailleuse dans le clocher. Cependant, que faisait au château le commandant Argueyrolles ?

LA SITUATION DEVIENT CRITIQUE.

  • Dès qu’il avait vu la situation devenir critique, il avait demandé
    du secours au lieutenant-colonel. Celui-ci envoya tout d’abord la 5e compagnie appuyer notre gauche. Cette compagnie se déploya parallèlement et à proximité de la route de Cachy, de manière à empêcher toute progression boche vers la cote 99. Puis, un bataillon du régiment de contre-attaque reçut l’ordre de se porter au secours de Hangard. Illustration
    Enfin, vingt hommes chargés de munitions furent dirigés sur le village. De son côté, le commandant envoyait un- agent de liaison, le caporal Castets — qui allait gagner dans cette journée la médaille militaire —organiser un barrage au milieu du village, face à l’église.
    Castets, sa mission terminée, s’engage sur la route de Cachy. A peine s’y est-il avancé, qu’il aperçoit dans une grange une douzaine de Boches. Il tire dessus son chargeur. les Boches lèvent la tête, ripostent au jugé devant eux, mais rentrent à l’intérieure de la grange et immédiatement pratiquent dans le mur trois créneaux.
    Du côté nord, l’infiltration était donc déjà fort avancée. Du côté sud, elle ne l’était pas moins. Les Boches commençaient à déborder le château. Il pouvait être 9 heures, une heure et demie à deux heures plus tard, malgré nos mitrailleuses qui, ainsi qu’au 12 avril, tiraient de toutes les ouvertures du château, cette infiltration devenait si menaçante que le commandant Argueyrolles laissait au château le capitaine Maurel, son adjoint, et décidait de transférer son poste de commandement à 200 mètres environ en arrière, dans une maison de la route de Domart, où se trouvait déjà le capitaine Dillon, commandant la compagnie de mitrailleuses.
    Deux pièces y étaient en batterie ; une dans la-cave, tirait par un soupirail ; une autre était braquée sous la porte cochère de la maison. Le commandant envoya le caporal Castets porter cette seconde pièce au barrage organisé au milieu du village.
    La progression boche fut un instant arrêtée, d’autant que, bien qu’encerclé, le capitaine de Bardies tenait toujours au cimetière.
  • Il se produisit une accalmie. Mais les Boches reprirent bientôt leur mouvement sur la droite. Ils se rassemblèrent de plus en plus nombreux dans le verger qui se trouvé à quelque 300 mètres au sud du château.
    Par T. P. S., dès 13 h. 5, le commandant demandait un tir d’artillerie sur cet objectif.
    A 13 h. 12, il réitérait. Les Boches, continuant leur progression, installaient en avant une mitrailleuse qui menaçait de nous couper toute ligne de repli. Le commandant la fait attaquer avec les hommes qu’il avait autour de lui — réunis sous les ordres du fourrier Gadelle. Puis, comme on voyait par ailleurs des feld-grauen s’infiltrer le long des pentes qui descendaient de Hangard, il fait sortir de la cave la mitrailleuse qui s’y trouvait et la place en batterie sous la porte-cochère, à ses côtés.
    SUPRÊME mais à peine a-t-elle TENTATIVE tiré cinq ou six bandes, qu’un des servants tombe frappé d’une balle.
    « Les Boches sont derrière le mur ! »

En effet, l’ennemi était parvenu jusqu’au mur qui longeait la cour.

« Si nous restons ici, nous sommes prisonniers ! jette le commandant Argueyrolles au capitaine Dillon. Allons ! En avant ! »

  • Revolver au poing, suivi de son cycliste Bauche, un blondin de la classe 1913, du
    capitaine Dillon, l’adjudant du bataillon, et des quelques hommes qui lui restaient, le commandant s’engage le long des maisons, vers Domart. A peine a-t-il fait quelques mètres, qu’il se trouve en face d’un groupe d’une vingtaine de Boches qui lui tirent dessus.
    Notre petite troupe riposte, met ses adversaires en fuite, puis, s’infiltrant derrière les maisons, par les passages qui s’ouvrent à travers les écuries et les cabanes à lapins, gagne la sortie du village, au milieu des balles qui abattent tantôt l’un, tantôt l’autre. A la dernière maison, il ne restait plus que le commandant et son fidèle cycliste. Le commandant Argueyrolles ne perd pas courage.

« Je vais rejoindre Colonna (le capitaine commandant la 6e compagnie, en réserve), et contre-attaquer. »

Suivi de Bauche, il gravit la pente qui monte à la route de Cachy. Ils arrivent, exténués : la 6e compagnie est déjà engagée, en soutien de notre gauche !
Mais un bataillon dû, ne va contre attaquer. Le commandant part avec lui, tout à l’idée de délivrer ses hommes qui se défendent encore dans le village.
La contre-attaque se déclenche vers 19 heures. Il était temps encore, sinon pour délivrer de Bardies qui avait dû succomber déjà, du moins pour dégager le château.
Mais à peine arrivée aux lisières du village, elle est accueillie par un tel feu de mitrailleuses qu’elle est arrêtée net. Il fallut se blottir dans les trous d’obus. La nuit venait. A l’intérieur du village les coups de feu s’espaçaient.

Le commandant Argueyrolles faisait encore au cours de la nuit une tentative pour pénétrer dans Hangard, mais en vain.

« Le sacrifice est donc consommé ? écrivait-il au petit jour, à 5 h. 45, à son colonel. »

Hélas ! oui ! le sacrifice était consommé ! Le sacrifice semblable à celui qui fut consommé à la Marne, en Champagne, à Verdun, partout où le devoir nous a rappelé que : On est de tout son sang comptable à sa Patrie.

Hangard n’est plus qu’un monceau de ruines — qui d’ailleurs, au moment où j’écris, sont encore en-partie entre nos mains — mais ce sont des ruines glorieuses, car y brillèrent de tout leur éclat la vaillance et la ténacité françaises. »

Récit du Capitaine DELVERT