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1811-1893 Jean Denis Argueyrolles

Jean-Denis Argueyrolles né à Dichau commune de Bassignac-le-Haut  [1]

par ea (26/02/2010)

Portrait Jean-Denis   Argueyrolles
Photo de famille    Au centre, Jean Denis Argueyrolles
Petra Suarez y Cabrera   Argueyrolles
  • Une enfance à Dichau, dans une famille nombreuse :

Denis est né à Dichau, commune de Bassignac-le-Haut, le 12 octobre 1811 à 6 heures du matin. Il était le neuvième enfant de sieur Jean Argueyrolles et de demoiselle Marianne Betaillon, son oncle Jean Argueyrolles de Giguillange alla tout de suite le déclarer à la mairie de Bassignac en compagnie de Jean Dichamp métayer à Maurel. Il fut baptisé le jour même par le vicaire Jurbert, avec pour parrain son frère Jean 8 ans et pour marraine sa tante maternelle Marie-Christine Betaillon.

  • l’Aventure mexicaine
    En 1827, le 9 janvier son frère Joseph-Hippolyte obtenait son passeport pour le Mexique, il n’avait même pas 18 ans. Il est difficile de savoir pourquoi Joseph-Hippolyte partit pour "Mexico en Amérique septentrionale". Cependant on sait qu’il y avait une tradition auvergnate, débordante sur la Xaintrie corrèzienne, pour aller chercher fortune en Espagne. Or le Mexique, ancienne possession espagnole, venait tout juste, en 1821, d’accéder définitivement à l’indépendance, ce qui pouvait faire espérer des possibilités nouvelles d’enrichissement possible. Ayant rapidement trouvé le succès dans la région minière de Zacatecas, Joseph-Hippolyte s’empressa de revenir au pays pour persuader son jeune frère Denis de venir l’épauler.
    Les deux frères obtinrent leur passeport pour "Zacatecas" le 18 octobre 1830 : Joseph-Hippolyte avait 21 ans et Denis tout juste 19 ans.
    • Joseph-Hippolyte s’installa à Boleños, petit centre minier argentifère proche des indiens Huichol. Denis se fixa à San Luis de Colotlan, dans la riche vallée du Colotlan non loin de la capitale provinciale Zacatecas et de ses mines d’argent.
      Leur réussite fut totale, et cela malgré l’insécurité des communications, les "brigands"… "les comanches !" …, l’archaïsme et la lenteur des transports à dos de mulet sur de mauvaises pistes, l’insuffisance d’une organisation bancaire encore quasi inexistante.
    • En 1834, Denis épousa Maria-Petra-Paula Suarez y Cabrera [2], laquelle en 1837 faisait peindre son portrait à l’ Hacienda de Abrego où elle était née en 1817, fille de Don Juan Antonio Suarez et de Doña Maria Maxima Gerudis Cabrera y Ruiz dont le frère colonel Mariano Cabrera Ruiz fut Gouverneur de l’Etat de Zacatecas.
      Hacienda de Abrego   Se ubica en la comunidad de Refugio (...)
      Hacienda de Abrego
    • En 1837, Joseph-Hippolyte quitta le Mexique avec un passeport délivré à Mexico le 15 mars ; il y était dit" commerçant natif de Dichau et demeurant à Bolaños ; arrivé en France au Havre le l8 Juin 1837, assez tôt pour lui permettre d’assister au mariage de sa sœur Marianne-Julie avec Jean Amblard le 29 novembre . Joseph réussit à convaincre son plus jeune frère Joseph-Julien de partir à son tour pour le Mexique afin d’y seconder Denis. Le 17 septembre 1838 Joseph-Julien obtenait son passeport pour le Mexique et malheureusement à peine arrivé, il y mourut …(?).
    • Denis se sentit alors bien seul, car il avait perdu tous ses enfants morts tous en bas-âge …(?) Or Petra était à nouveau enceinte. Denis prit sa décision : il rentrait en France ; sa fille Clotilde naîtra d’ailleurs sur le bateau de retour le 9 octobre 1839 ; pour profiter de sa fortune. Mais ce départ, sans doute un peu précipité (?), l’obligea à laisser à J.F Alberdi, à Zacatecas, et à Loreto Sanchez, à Colotlan, le soin de régler au mieux ses affaires, et les dernières sommes dues à Denis lui furent finalement versées en 1850. Maria-Petra avait amené avec elle sa domestique, Margareta, qui rentra par la suite au Mexique.
  • Une Vie patriarcale à Marsac (Commune de Meyssac)
    • Dés son retour en France, Denis se mit à la recherche d’une belle demeure qu’il pourrait habiter avec sa famille. Par l’intermédiaire de l’évêché de Tulle, très au courant dans ce domaine, Denis entra en relation avec un vieux prêtre, Joseph Ménager, propriétaire du domaine de Marsac prés de Meyssac. Le 8 septembre 1840, Denis achetait, pour 30000 francs, le château et le domaine de Marsac. L’acte de vente avait été rédigé par Maître Bourges.
    • Denis était donc désormais le propriétaire de Marsac. Mais avant de s’y installer il fit procéder à des réparations, le Tour notamment et à des agrandissements, les chambres neuves, reliées au logis principal par un arc du meilleur effet, les écuries et la sellerie. En attendant la fin des travaux, Maria-Petra accoucha le 4 mai 1841 à Miègemont .
    • Par la suite, Denis compléta ses revenus par de nouveaux achats permettant d’accroître ses domaines : des vignes à Laumet, une châtaigneraie, une chènevière, le domaine de Linar, trois maisons dans Meyssac et surtout la vaste propriété de Genouillac, sur le plateau corrèzien près de St Bonnet l’Enfantier.
    • Une famille très nombreuse. Certains ont avancé le chiffre de 22 naissances ! certes on ne connaît pas [3] le nombre des enfants morts au Mexique de 1834 à 1839. Mais en France, même en comptant Clotilde né sur le bateau en 1839, on trouve "seulement" 14 naissances : 4 décès en bas-âge : Marie a 2 Jours en 1841, Justin 1844-1849, Anselme 1848-1849 et Justine 1854-1860 dont 10 atteignirent au moins 19 ans, Léon 1849-1868 et bien plus, Clotilde 1839-1916, Henri 1842-1919, Noémie 1843-1896, Pauline 1846-1919, Arsène 1850-1924, Marie-Louise 1851-1921, Léontine 1856-1919, Lucie 1858-1919
    • Un notable respecté. Déjà très critique dans les années 1849-1850 envers la mairie de Meyssac, Denis devint Maire de Meyssac sous le second Empire : les gendarmes de la brigade meyssacoise montaient souvent à Marsac pour porter les plis administratifs et recueillir les signatures officielles ; peut-être aussi le vin blanc de Marsac, qui les attendait, rendait la course plus agréable.
    • Dans les années 1870, Denis était abonné au journal légitimiste "Limousin et Quercy" de l’avocat tulliste Leonard Gorse un demi siècle plus tard, le petit fils de l’un épousera la petite fille de l’autre !
    • L’autorité morale reconnue de Denis lui voulut d’être encore en 1873 membre du Jury d’expropriation des terrains ou devait passer la ligne ferroviaire Brive-Limoges
    • Des enfants élevés dans le respect des traditions :
      • à Marsac , la journée se terminait toujours par la prière du soir en commun, prière à laquelle tout le monde, y compris les visiteurs devait participer.
      • Denis soutenait à Meyssac l’école des Frères de l’institution Chrétienne. Pour l’enseignement secondaire Denis faisait confiance aux Collèges Catholiques : Tulle pour Marie-Louise et Léontine, Brive St Ursuline pour Marie-Louise pour les filles ; les jésuites à Sarlat pour les garçons, Léon et Arnaud qui y retrouvaient leurs cousins de Miègemont. Toutefois Arsène fit ses humanités au collège de Brive.
      • Cette éducation explique sans doute la vocation religieuse de Marie-Louise qui devint Sœur Marie-Antoinette au couvent de la Visitation de Riom ou elle fit sa profession le 11 Juin 1887.
      • On peut ajouter que Petra fut la marraine d’une cloche fondue en 1848 et installée ensuite à l’Eglise de Meyssac. Cette cloche s’étant brisée elle fut remplacée en 1898.
    • Les vacances étaient l’occasion de se retrouver tous en famille.
      • Les garçons faisaient du vélo autour de Marsac, parfois jusqu’à Mirandol avec les copains …
      • Les messieurs Argueyrolles, Léon, Arsène, Arnaud animaient la fête votive du village de Laumet : course aux ânes, sacs à pied, lâchers de Ballons, feux d’artifices avec marrons, soleils, fusées, bengales, caprices chinois, serpentins, rosaces, gloires fixes et bouquet …
      • On faisit des escapades jusqu’à Genouillac, vaste domaine de 140 Ha répartis en six métairies avec un régisseur général, Jean Chaumeil dit "Jeanquet". Pour y aller, c’était une expédition, du moins au début, à cheval et avec le break, on faisait halte à Brive chez Cotton pour reprendre son souffle. Plus tard, on prit le train aux quatre routes pour Brive et Estivaux et là-bas, à Genouillac, on pêchait les écrevisses …
      • Et la tradition se maintint avec le séjour chaque été des filles avec leurs maris et enfants : Clotilde aux Augustin et Jean-Jacques, Pauline avec Jules Mage et Louis, Lucie avec Paul Joany. Les arrivants s’annonçaient par une dépêche et on envoyait la voiture ( à cheval) à la gare des Quatre-Routes.
  • Les Grands moments de la vie Familiale.
    • Les repas de mariage, pantagruéliques, surtout quand le fameux maître d’hôtel Cotton, "La Truffe Noire" à Brive, venait à Marsac préparer des repas exceptionnels pour Pauline et Jules Mage le 12 février 1873, pour Léontine et Émile de Lacoste le 12 Mars 1877, pour Lucie le 13 septembre 1883 avec Paul Joany, pour Arsène et Marie-Louise de Cautines le 24 Mai 1887 …
    • La Foire Exposition de Paris en 1867 ou Denis se rendit avec son épouse Petra et son fils aîné Henri âgé de 25 ans.
    • Les Cures au Mont Dore, en août, "Petrita" prenait son bain tous les matins et buvait ses trois verres d’eau par jour, Denis était à 7h du matin prêt pour bain et douche avant de prendre 4 verres d’eau par jour et faire sa promenade dans son costume d’alpaga.
    • Les courses de taureaux, notamment en 1866 à Périgueux ou Henri était déjà de la partie …
    • La belle conduite d’Henri Argueyrolles de Marsac à la guerre de 1870-1871. Henri, âgé de 28 ans fut en effet capitaine adjudant major de "Mobiles" au 1er Bataillon de Brive du 90e Régiment de Marche et il se distingua à Duneau ou il contribua à ramener du feu la mobile de l’Aude en Janvier 1871.
  • Les noces d’or de Denis Argueyrolles et Petra Paula Suarez le 9 Juin 1884.
    • Ce jour là, Cotton se surpassa en servant à Marsac un déjeuner ou l’on allait de turbots en timbales, de filets en saumons, de canetons en dindonneaux, de coquilles de truffes en cèpes à la Bordelaise et tout arrosé de Madère de Xerès, de St Georges, de Bordeaux, sans oublier un Marsac de 1870, avant de finir au Champagne !
  • La Fin d’une longue vie …  [4]
    -  Photo de famille JPEG Jean Denis disparut le 18 Août 1893 à Marsac, il avait 82 ans. Trois jours avant sa mort, il montait encore à cheval. Son épouse Petra, qui aimait à l’occasion fumer de légers cigares, l’avait déjà précédé le 1 avril 1887 dans sa 71e année.

Tous deux sont enterrés au cimetière de Meyssac ou l’on peut toujours lire sur leur tombe :

"Ils ont passé en faisant le bien."

Notes

[1] d’après un récit original de Paul Argueyrolles

[2] descendante d’ Isabella de Moctezuma, fille du dernier empereur Aztèque, et de Hernan Cortès

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Petra Suarez y Cabrera
Arbre généalogique ascendant de Petra Suarez

[3] ndlr : au moment ou je rapporte ces lignes (ea)

[4] Pour vous permettre d’afficher les images - cliquer sur le bouton droit de votre souris puis choisir "afficher l’image"

Marsac
Chateau de Marsac
Cimetière de Meyssac
Denis, Ernest, Joseph, Raoul   Argueyrolles à Marsac

1850-1924 Arsène Argueyrolles

1842 Jean Marie Henry Paul ARGUEYROLLES